Archives de catégorie : Interview

Le Polar au cinéma

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Ce  mois-ci, Evene a réalisé 3 interviews autour du thème « Le Polar au Cinéma ».  Bertrand Tavernier, William Friedkin et Claude Chabrol se sont prêtés au jeu de l’interview… (propos recueillis par Caroline Vié pour Evene.fr – Avril 2009)

Interview de Bertrand Tavernier:

Réalisateur respecté et accompli, Bertrand Tavernier n’en apprécie pas moins les récompenses : c’est tout ému qu’il a reçu le Grand prix du Festival du film policier de Beaune pour ‘Dans la brume électrique’. L’occasion de revenir avec lui sur ce genre cinématographique majeur.


Connaissiez-vous James Lee Burke avant de vous lancer dans l’adaptation de son roman ?

Je connaissais son travail depuis plus de dix ans et j’étais fasciné par l’atmosphère qui se dégage de ses livres comme par ses personnages. Ces deux éléments me touchaient presque davantage que les histoires qu’il raconte. C’est pour cela que je n’ai pas hésité à m’approprier son récit. Avec son accord, j’ai choisi de transposer l’intrigue dans la Louisiane d’aujourd’hui parce qu’il me semblait impossible de ne pas parler de l’influence de l’ouragan Katrina sur cette région.

Dans quelle mesure James Lee Burke vous a-t-il soutenu ?

Sans son aide, je n’aurais jamais osé m’attaquer à son travail. Il m’a aidé pour le scénario, mais aussi en venant sur le tournage et en me montrant des coins de Louisiane que je ne connaissais pas. Il m’a fait découvrir des endroits dont je ne soupçonnais pas l’existence avec une générosité extraordinaire. Burke appréciait notamment l’idée que le méchant de son livre soit devenu un mafieux qui détourne les fonds pour la reconstruction de la Nouvelle-Orléans. Il m’avait mis à l’aise dès notre première rencontre. Il avait dû sentir à quel point j’étais transporté par son oeuvre qui faisait presque partie de moi. C’est pour cela qu’il m’a accordé sa confiance…


Ce qui n’était pas le cas de tout le monde…

On peut dire ça comme ça. Très vite, j’ai eu des soucis avec le monteur américain qui s’est empressé de décider que je ne connaissais rien à mon métier et que j’étais incapable de réaliser un film compréhensible pour les Américains. Il voulait me concéder quelques notions de mise en scène en ce qui concerne le cinéma européen, mais ça s’arrêtait là. Je m’ennuyais à mourir en sa compagnie et il n’arrêtait pas de me demander de me « couvrir », à savoir de tourner les plans sous plusieurs angles de façon à avoir un plus grand choix au montage. Il refusait d’admettre que je savais ce que je faisais.

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Interview de William Friedkin:

C’est avec une grande modestie que William Friedkin a accepté l’hommage que lui a rendu le Festival du film policier de Beaune. A 72 ans, le réalisateur de ‘L’Exorciste’ et de ‘French Connection’ est toujours un dévoreur de films. Il n’a rien perdu de son amour pour le polar, une passion qu’il semblait ravi de partager.

Quels sentiments vous inspire cet hommage rendu par le Festival de Beaune ?

Je suis heureux de retrouver Lionel Chouchan qui a donné un coup de pouce à ma carrière en passant ‘Police fédérale Los Angeles’ à Cognac. (1) Je suis également ravi que le prix me soit remis par Claude Lelouch que j’admire énormément. Je revois inlassablement ses films. ‘Un homme et une femme’, ‘Vivre pour vivre’ et ‘La Bonne Année’ sont mes favoris et j’ai aussi adoré ‘Roman de gare’. C’est pour cela que je relativise. Je suis un homme qui fait des films. J’estime ne pas mériter de médailles. Il y a tant de grands cinéastes. Ne serait-ce qu’à Beaune, j’ai croisé Lelouch et Chabrol ! Je ne sais pas si les Français savent à quel point leurs films ont été importants pour les cinéastes de ma génération. Ils nous ont encouragés à considérer notre travail de façon intuitive, et cette influence continue à se faire sentir.

En quoi la Nouvelle Vague a-t-elle compté pour vous ?

Si la paternité de l’invention du cinéma peut se discuter, il n’y a aucun doute possible concernant ceux qui l’ont réinventé dans les années 1960. Les cinéastes de la Nouvelle Vague française comme Truffaut, Godard et Resnais ont tout changé. Et je ne parle même pas de Jean-Pierre Melville ! Je suis un fan du ‘Doulos’ et ‘Le Samouraï’ est un polar si simple et si exquis que je ne peux me lasser de le revoir. Même s’ils m’ont beaucoup apporté, je n’ai jamais réalisé de film qui ressemble à ceux-là. Je peux dire que j’ai volé des idées à tous ces cinéastes mais le résultat que j’ai obtenu est très différent du leur, car je suis très différent d’eux. Nous n’avons eu ni les mêmes avantages, ni les mêmes inconvénients et pourtant leurs films m’ont marqué de façon indélébile.
Ce sont eux qui vous ont donné envie d’être réalisateur ?

Non, le grand choc est venu de ‘Citizen Kane’ d’Orson Welles ! En sortant de la salle, je savais que c’était ce que je voulais faire ! Ce film réunit le meilleur de toutes les disciplines cinématographiques : mise en scène, photographie, scénario, jeu d’acteurs et décors. C’est une oeuvre incroyablement riche dans tous les domaines. Si j’avais eu le moindre don pour la musique, je pense que la ‘Cinquième Symphonie’ de Beethoven aurait pu me donner envie d’être compositeur. ‘Citizen Kane’ m’a poussé vers le cinéma.

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Interview de Claude Chabrol :

Claude Chabrol fait partie de l’espèce des cinéastes cinéphiles. Cet amoureux d’Hitchcock, auquel il a consacré un ouvrage coécrit avec Eric Rohmer, est un fin gourmet lorsqu’il s’agit de cinéma. Le polar, l’un de ses genres de prédilection, lui a inspiré de nombreux classiques : du « Boucher » au récent ‘Bellamy », en passant par « Ls noces rouges », « Les Fantômes du chapelier », « LA fleur du mal » ou encore « La Fille coupée en deux ». Autant de fleurons d’une filmographie pléthorique. L’humour parfois féroce du réalisateur comme son érudition pointue rendent sa fréquentation délectable, ce qui ne l’empêche pas d’avoir la dent dure pour certains de ses confrères.

Que vous inspire cette présidence du Festival de Beaune ?

J’étais Président d’honneur à vie de Cognac, mais le festival est mort avant moi. Poursuivre ma carrière présidentielle à Beaune me plaît d’autant plus que j’adore le Bourgogne et le cinéma policier. Heureusement que j’ai un truc infaillible pour canaliser le jury afin d’écourter les délibérations. Avec moi, les choses se déroulent à la vitesse « grand V ». Tout est terminé en une demi-heure. Je ne peux évidemment pas confier mon astuce à la presse de peur que mes jurés ne le découvrent. En revanche, je la donnerai peut-être à Isabelle Huppert avant qu’elle parte à Cannes. Je ne dévoile mon secret qu’aux comédiennes qui ont tourné plus de six fois avec moi et nous avons fait sept films ensemble…

Vous laisserez-vous soudoyer si on vous donne de bonnes bouteilles ?

Il est impossible de me soudoyer parce que je le suis déjà, par amitié ! Je suis très ami avec Bertrand Tavernier… Cela dit, je suis honnête : si je trouve quelque chose de meilleur que ce que je pense devoir être bon, je n’hésiterai pas à changer mon fusil d’épaule et à expliquer pourquoi mais, a priori, j’ai tendance à avantager les copains. Je compte sur les autres pour me ramener sur les chemins de la morale. Je souhaite de tout coeur que le film de Bertrand soit le meilleur (Bertrand Tavernier recevra finalement le Grand prix pour « Dans la Brume électrique’, ndlr).

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INTERVIEW DE BILL PLYMPTON

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LesFilms.org : Qu’est ce qui a motivé chez vous le choix d’une telle simplicité pour Des Idiots et des Anges ?

Bill Plympton : Tout a commencé avec Hair High, mon premier gros film (2005). Pour ce métrage, il y avait les voix de célèbres acteurs, beaucoup d’argent mis en jeu et tout était travaillé différemment (couleurs et décors pour ne citer que ça)… Ce fut un film très coûteux. Suite à cela, je n’avais plus l’envie de créer un projet commercial, j’ai voulu faire un film pour moi, simple, un film personnel sur l’âme. L’argent dont j’ai eu besoin ne représentait qu’un quart de ce qu’a nécessité Hair High : j’ai essayé de faire le maximum de choses par moi même. Les dessins, par exemple, ont tous été réalisés à la main, scannés sur ordinateur et enfin légèrement coloriés. C’est en partie pour cela que je trouve que Des Idiots et des Anges est un film très personnel, voire même intime et je pense qu’il aura plus de succès qu’ Hair High grâce à cela. J’ai vu comment se sont passées les projections, les gens étaient enthousiastes. En Roumanie, certaines personnes se sont même battues afin de pouvoir entrer dans la salle pour le voir ! Ce film est réellement une nouvelle expérience pour moi. Il m’a fallu trois ans pour faire ce film : un an pour l’écrire, un an pour le dessiner, et un an pour la post production. Il fut terminé en février 2008 pour le Festival d’Annecy. Il m’arrivait de travailler comme un forcené mais j’aimais ça, il n’y avait que moi et mon dessin. Une fois fini, c’était planant, comme avec des drogues.

LesFilms.org : Pensez-vous que cette simplicité pourrait apporter plus de succès à ce film plutôt qu’au précédent qui était beaucoup moins simple ?

Bill Plympton : L’histoire elle-même est très simple, elle repose sur le choix d’une personne à devenir bonne ou mauvaise. Je pense que les gens peuvent s’accaparer cette histoire car c’est une idée universelle. Ce n’est pas une nouvelle idée bien sûr et beaucoup d’histoires ont été écrites autour de ce thème. Mais la technique ainsi que les personnages que je propose me permettent de dire que mon film est spécial.

LesFilms.org : Les dialogues sont complètement absents du film, est-ce pour laisser plus de place à l’imagination ?

Bill Plympton : C’est une histoire racontée uniquement de manière visuelle. J’ai eu quelques problèmes avec des dialogues : en effet les doublages et les sous titres coûtent très cher et cela ne facilite pas la distribution, cela complique également l’animation car il faut constamment dessiner les bouches en fonction des syllabes ce qui est très difficile. En fait, j’aime raconter une histoire visuellement, c’est plus poétique, plus profond, et les sentiments paraissent plus réels. C’est quelque chose que j’appliquais à mes courts-métrages et j’y suis habitué. C’était comme un challenge avec moi même de faire un long métrage sans dialogue, et ça a marché, les gens n’y font même pas attention, ils ne le remarquent pas ! La musique prend en quelque sorte le rôle des dialogues en racontant une histoire.

LesFilms.org : Justement, pouvez-vous m’en dire plus sur la musique ?

Bill Plympton : On retrouve Pink Martini, Nicole Reynaud dont je suis un grand fan et que l’on retrouve dans la bande annonce, ou encore Tom Waits qui a participé grâce à un ami que nous avons en commun et qui lui a envoyé une copie du film. J’ai trouvé que sa musique était très appropriée à un bar sombre, un peu miteux et sale où il y a de la fumée partout, ça collait très bien au film et il a été d’accord. Il devait y avoir Moby, il voulait que j’utilise gratuitement un morceau puis son éditeur a dit que nous devions payer 10 000 dollars, et là j’ai dis non !

LesFilms.org : L’univers de votre film est très sombre. Quelles ont été vos inspirations ?

Bill Plympton : Au final, je trouve que ce film a une dimension beaucoup plus européenne qu’américaine. On retrouve mes inspirations, du Surréalisme, de Jacques Tati ou encore de l’Europe de l’Est. La femme dans le film est française, une femme très romantique qui veut danser, elle est en quelque sorte une survivante de toute cette folie. En revanche, Bart, le mari, est américain. Il veut être riche en vendant de la bière et il se fout du reste. Il enchaîne ses ailes dans le but de les diriger, il souhaite tout contrôler, même la beauté. Il a épousé cette femme car du coup elle travaille gratuitement ! Ma réelle inspiration pour ce film date de l’époque où j’étais jeune, j’étais dans un lycée de l’Oregon durant les années 50. En face de la boutique où j’avais un petit job, il y avait un bar très sombre où la lumière perçait des fenêtres et de la porte à travers une fumée imposante car tout le monde fumait et les clients étaient tout le temps saouls. Je me suis dis que c’était parfait pour un film, je m’en suis donc beaucoup inspiré pour le mur plein de bouteilles par exemple. C’est ce souvenir qui a été mon inspiration.

LesFilms.org : Dans le film nous pouvons clairement deviner qui sont les idiots et qui sont les anges. Le personnage principal est un homme qui veut à tout prix s’arracher les ailes, cela ne le rend-il pas idiot ?

Bill Plympton : Oui complètement. Il est en crise avec son âme, et avec le sens de la vie. Les ailes pointent une direction qui pourrait changer sa vie mais il ne veut pas en entendre parler. Nous aimons être grossiers, méchants, et maléfiques. Les ailes sont insistantes, elles ne veulent pas abandonner, on a beau les couper elles reviennent. Finalement il doit confronter son mauvais côté, son idiotie, et prendre une décision qui concerne son futur. Je pense que c’est le sujet du film : nous avons tous des ailes invisibles dans le dos et nous devons les chercher et les découvrir pour, une fois découvertes, les agrandir, les soigner et c’est ainsi que l’on devient une personne adulte. J’ai pensé à ça : c’est un peu comme mes animations. J’ai toujours fait des films pour des personnages violents et d’humeur folle et maintenant je commence à être mature et adulte par rapport à ça, faire des histoires qui sont plus sophistiquées, plus sérieuses, plus intelligentes. Ou peut être pas ! En tout cas je crée mes films pour une audience plus mature et je le vois durant les projections. J’ai des femmes de 70 ans qui viennent me dire qu’elles aiment ce que je fais, et c’est bien la première fois.

LesFilms.org : Vous étiez au Festival d’Annecy où vous avez pu voir de nombreuses nouveautés. Que pensez-vous de la nouvelle génération d’animateurs ?

Bill Plympton : Ils sont très brillants, spécialement en France. Les écoles qui développent ces études sont maintenant très sophistiquées, les étudiants sont très passionnés et leurs compétences, surtout en matière d’informatique, sont impressionnantes. D’une certaine manière c’est assez intimidant. J’aime aller au Festival d’Annecy pour rencontrer les gens, j’y vais depuis 1985. Je vois une différence depuis car les travaux d’étudiants sont des réalisations de plus en plus impressionnantes. Je me suis formé en tant qu’illustrateur de magazines, de posters ou de caricatures, je dessine tout le temps alors que maintenant il y a l’ordinateur. On perd une forme d’authenticité mais c’est normal car de plus en plus de personnes aiment l’animation. Je trouve ça très amusant d’aller au Festival d’Annecy : quand je me promène de mon hôtel au Festival, des gens viennent me voir et m’appellent, c’est un peu comme mon Festival de Cannes.

Des idiots et des anges au cinéma Mercredi 14 Janvier 2009

Propos recueillis par Sophie

Interview de AJ Schnack (réalisateur) et Michael Azerrad (co-producteur) à l’occasion de la sortie du film About A Son

LesFilms.org : Dans quelle mesure pensez vous que quelqu’un qui ne connaît pas Kurt Cobain puisse apprécier le film ? Pour quel public l’avez-vous réalisé ?

AJ Schnarck : Ma mère a 82 ans, elle a bien aimé le film malgré tous les gros mots que prononce Kurt. Elle était institutrice et la vie de Kurt lui a rappelé tous ces jeunes qu’elle a croisé et qui avaient un talent gâché car inutilisé, ils ne savaient pas comment s’en sortir. J’ai trouvé son attachement au film intéressant. L’histoire de Kurt a quelque chose d’universel. Les gens peuvent retrouver des parts d’eux même dans les propos de Kurt, ce qui permet d’en changer la perception que l’on a de lui en tant que mythe, et mieux voir la personne que ses amis et ses collègues connaissaient. On le dit dans le trailer : « He is the man you think you know » (Il est l’homme que vous pensez connaître). Vous ne l’avez jamais entendu parler de lui par lui auparavant. D’habitude, quand on fait un film sur une rock star c’est pour toucher les fans avant tout mais ce n’était pas mon but. Nous avons donc réalisé ce film pour un large public, nous souhaitions montrer la vie intéressante d’un être humain. J’ai fait deux films sur des histoires attachantes qu’il me semblait important de raconter et ma volonté en tant que réalisateur est que les spectateurs l’apprécient autant que moi.

Michael Azerrad : Nous voulions également intéresser les gens qui aiment les documentaires en leur proposant une nouvelle forme, une nouvelle manière de casser le formatage que nous avons face au documentaire, et de convaincre.

A.S. : Ce n’est pas un film sur Nirvana, c’est sur la vision d’un artiste sur le monde. Pas besoin d’être fan pour apprécier ce qu’il dit.

M.A. : Quand Kurt parle de sa vision de l’avenir, il parle des jeux vidéo et des enfants disparaissant dans un monde virtuel à travers la machine. C’était un visionnaire, il avait beaucoup d’intuition de par sa sensibilité. Il sort des mots sans y penser et c’est comme ça que lui sont venues ses meilleures paroles, c’était magnifique.

LesFilms.org : Pouvez vous m’en dire plus quant au choix du morceau de Nirvana choisi pour la fin du film ?

A.S. : Tout au long du film, nous montrons le monde à travers les yeux de Kurt. La musique est formative : elle crée l’identité de toute personne. Essayer de résumer la vie de Kurt à travers un seul morceau, c’était trop de pression ne serait ce que pour la chanson ! La fin du film n’est pas un moment de triomphe, mais un moment de calme où l’on entend ce que je qualifierais de déchirant lorsque Michael lui demande s’il pense que son histoire est une histoire triste, puis on entend deux amis se dire au revoir. La première fois que nous avons diffusé le film c’était devant la productrice, nous avons pris une grande respiration à ce moment et c’est passé. Un film doit être honnête envers le monde et là il n’y avait pas de place pour une chanson de Nirvana.

M.A. : J’avais l’image de Kurt dans un bar et je me suis demandé quel morceau il choisirait dans un jukebox pour le mettre à l’aise. La musique dans ce film fait comme partie d’un CV. On voit son évolution à travers différents mouvements : le populaire, le punk, puis l’indie, et pour aboutir sur une musique que je qualifierais de plus mature. C’est l’histoire musicale de sa vie. Il était fan et était connu pour promouvoir les autres groupes.

LesFilms.org : Certains passages du film interpellent profondément. Comme par exemple un moment où Kurt commence à parler des tabloïds, on entend The Man Who Sold The World (un morceau connu de Nirvana) mais qui n’est pas interprété par eux, et on voit des vues d’aéroport. Quelles étaient vos intentions ?

A.S. : Le morceau The Man Who Sold The World est à la base de David Bowie et Nirvana l’a repris. On a aimé car quand on entend les premières notes on se dirait presque « enfin ! » et en fait c’est la voix de David Bowie que l’on entend. La version originale de ce morceau est de lui, et je trouve qu’il est incroyable. Cette chanson parle de rencontre mais la personne n’est plus là. L’aéroport est le dernier endroit où les gens ont vu Kurt.

M.A. : C’est celui de Seattle.

LesFilms.org : Au début du film, on voit des images de paysages comme prisent depuis un hélicoptère. C’est d’ailleurs le seul moment où on en voit. Quelles étaient vos intentions ?

A.S. : J’ai voulu réaliser un documentaire avec une structure très classique avec une ouverture/introduction, une conclusion, et trois actes : Aberdeen, Olympia, et Seattle. L’introduction est classique et le fait de survoler est une technique très utilisée dans les films de fiction, il y a 1 minute et 40 secondes avant les premiers mots de Kurt et je voulais d’abord mettre dans l’humeur du film. Ces vues d’avions sont les endroits où Kurt a évolué, elles mettent les spectateurs dans l’ambiance du film.

M.A. : Personnellement elles me laissent à penser que l’esprit de Kurt est là, comme un ange. Cette ouverture est comme une présentation de ce qui va suivre.

A.S. : La tragédie commence à la fin du deuxième acte quand il commence à parler de drogue, on sent ce qui va se passer et où l’on va aller dans le troisième acte.

LesFilms.org : A un moment, Kurt parle de l’importance des dires de son entourage à ses yeux. Ses paroles semblent être les premières paroles fondamentalement positives du film. Et là, vous nous montrez des vues d’un oiseau éventré. Quelles étaient vos intentions ?

A.S. : Ces vues viennent d’Aberdeen (ville d’origine de Kurt Cobain ndlr). C’est un très bel endroit, plat et entouré de forêts. On y trouve beaucoup d’oiseaux et d’animaux morts, je ne crois pas en avoir vu autant ailleurs ! Je ne sais pas si Aberdeen les récupère ou s’en fiche. Dans le film, cet oiseau m’a paru beau, avec beaucoup de couleurs. Ce moment commence par Kurt disant qu’il voulait partir d’Aberdeen, c’était une ville morte à ses yeux, c’est aussi pour cela que l’on voit beaucoup d’animaux empaillés. Il devait partir.

M.A. : À mes yeux, l’oiseau est comme une métaphore de Kurt en relation avec son art. (Kurt à réaliser beaucoup de tableaux et travaux d’artistes ndlr). AJ crée une poésie, ces images résonnent dans les gens sans forcement que ce soit ce qu’il a voulu monter. C’est comme la musique de Kurt : ils posaient des paroles et à chacun de se les approprier et d’y réfléchir.

A.S. : Une fois qu’une œuvre est rendue publique, chacun en fait son interprétation. Le public s’en empare. Ce n’est plus le rapport de ce que veut montrer le réalisateur qui compte mais ce que cela signifie pour vous. Je pense que c’est une très belle chose. C’est un peu la même chose avec cet oiseau.

LesFilms.org: Avez vous vu le film Kurt & Courtney de Mick Droomsield et qu’en avez vous pensé ?

A.S. : Ce film parle de la relation entre Courtney et le réalisateur. Mick est un artiste intéressant mais je n’aime pas ce film. Pour moi il relève de pratiques immorales. Dans un certain sens, Mick piège les gens en changeant les sujets et les buts de ses questions, afin de les amener à dire des choses qu’ils ne voulaient peut être pas dire. Mick interroge des gens dont je sais qu’ils voulaient protéger quelqu’un qu’ils aiment. Ce qu’il fait est une pratique qui n’est malheureusement pas rare dans les documentaires pour la télévision britannique. Mick a fait des bons films, mais pas celui là. Un autre film a été fait après notre film pour la télévision britannique dans lequel ils ont fait exactement la même chose que nous, en disant aux gens qu’ils faisaient un documentaire sur des fans de Nirvana et quand ils sont arrivés aux interviews on ne leur a parlé que de la mort de Kurt et c’est ce sur quoi portait le documentaire. Je trouve ça immoral.

Rencontre post avant première de About A Son avec AJ Schnack (réalisateur) et Michael Azerrad (co-producteur)

Pourquoi avez-vous réalisé ce film ?

AJ Schnarck : Mon neveu avait 12 ans et s’est mit à écouter Nirvana. Il n’avait que l’image fausse de Kurt suite à tout le battage qu’il y a eu autour de sa mort. Ma perception était tellement différente : je souhaitais que mon neveu le voit en être humain, qui il est en dehors du mythe. L’idée était vraiment que Kurt soit perçu en être humain comme un autre. On l’entend et on pourrait s’y identifier jusqu’à la projection à la fin de quelques photos de lui et là on réalise vraiment qui il était : comme tout le monde. Je voulais également que l’on oublie le fait qu’il soit mort, au moins le temps du film.

Etes vous un fan de Nirvana ou avez-vous suivi un effet de mode ? (Question à AJ Schnack)

A.S. : Je suis fan du mouvement et bien sur j’ai beaucoup écouté Nirvana. J’ai également lu les articles de Michael pour le magasine Rolling Stone ainsi que son livre Come As You Are : The Story of Nirvana. Nous avions la même vision de Kurt. Le temps de bien faire les choses, nous y voilà.

Comment avez-vous eu l’idée de collaborer ?

Michael Azerrad : Tout est parti d’une rencontre. J’étais très intéressé par l’idée de AJ, sa perception et son attitude par rapport à Kurt. Le mythe qu’il est devenu s’est accentué après sa mort. Nous voulions recadrer ça. De plus j’étais très intéressé par son rapport à l’image.

Il n’y a aucun morceau de Nirvana dans le film. Pourquoi ?

Les deux : Il était impossible de trouver les morceaux qui collaient avec le moment, avec ce que Kurt raconte. Il était plus intéressant de puiser dans ses influences. On entend un morceau de Nirvana à la fin avec les images de Kurt et même pour celle-ci ça n’a pas été facile. Mais ça a été un grand moment d’écouter cette grande pile de CD qui l’ont influencés et trouver LE morceau qui collait. Nous avons utilisé un métronome sur les interviews pour savoir le rythme de parole de Kurt et mettre la bonne musique. Et ainsi on suit vraiment l’évolution de Kurt à travers le punk, l’indie, etc. Je trouve que le morceau qui marque le plus est l’instrumental de REM qui passe en même temps que l’on voit des dessins de Kurt. Je pense que c’est la musique vers laquelle il aurait fini par tendre s’il y avait eu une suite…

Votre film peut paraître frustrant car en plus de ne pas entendre de morceau de Nirvana, on ne voit pas Kurt Cobain. Qu’en pensez vous ?

A.S. : Nous l’avons projeté il y a un mois à Moscou et nous n’avons eu aucun écho d’une quelconque frustration car ils n’avaient aucune attente. Ils ne connaissent que peu de « rockumentaire ». Alors que nous, nous avons une certaine éducation du « rockumentaire ». Nous attendons quelque chose ce qui limite nos perspectives à une fiction mais à un documentaire, à une expérimentation. Notre but était de montrer quelqu’un de familier, Kurt Cobain, mais d’une nouvelle façon, avec un nouveau regard. Nous avons donc voulu également donner une nouvelle forme au « rockumentaire ». Dans ce cas, la frustration est bonne !

Quelle est la relation entre les images et les sons ?

A.S. : Toutes les images sont des reflets de ce que raconte Kurt. Ce sont les lieus où il est passé, où il a vécu…Par exemple, la piscine que l’on voit au début est la piscine où Kurt avait été maître nageur. Ils sont tous en relation avec la vie de Kurt. L’idée est de faire ressentir que l’esprit de Kurt est encore là. Quand il parle de son travail de ramoneur, on voit que quelqu’un d’autre effectue la tâche aujourd’hui. La vie continue sans lui, par son choix.

Aviez vous beaucoup d’enregistrements ?

M.A. : Kurt et moi nous nous sommes rencontrés 9 fois. Nous avions donc 9 sessions d’interview à décortiquer ce qui représente plus de 25 heures d’enregistrements.

Comment cela se fait il que personne ne vous ai réclamer ces enregistrement avant ? (Question à Michael Azerrad)

M.A. : Je n’ai fais aucune publicité de ces enregistrements. Personne ne me les a demandé car personne n’y a pensé, personne ne savait leur existence. Une fois, MTV m’avait proposé quelque chose qui ne correspondait pas à mes attentes, j’ai donc refusé. Je ne les avais jamais ré écouté jusqu’à ma collaboration avec AJ. Ça s’est fait très naturellement, et quand je les ai à nouveau entendu j’ai eu la sensation de retrouver un ami et je me suis mieux souvenu de ce que j’aimais en Kurt. C’était très agréable.

Comment avez vous rencontrez Kurt et quelle a été votre relation ? (Question à Michael Azerrad)

M.A. : C’était à l’occasion d’un article que je devais écrire pour le magasine Rolling Stones. C’était au début de l’année 1992. J’étais très nerveux car il était déjà une idole et j’avais l’image de lui que tout le monde avait : le drogué qui saute dans tous les sens, je ne savais pas s’il allai arrivé défoncé, s’il allait être violent ou s’il allait partir en plein milieu. Il s’avère que Kurt aussi était très nerveux, il pensait comme moi. J’ai essayé de lier son enfant avec les paroles de ses chansons et sa musique. Ça lui a beaucoup plu. Dès qu’il a commencé à parler j’ai réalisé qu’il était comme tout les gens qui m’ont toujours entouré et comme moi, je me suis dis « hey ! mais je connais ce type ! ». Il n’était pas le personnage auquel je m’attendais, il était une personne gentille et très intelligente. Ce qui le rend fort c’est la manière dont il exprime sa vie à travers sa musique. Il pensait de manière très claire et construite et réussissant à rendre tout ça très poétique.

Il y eu une connexion personnelle forte pendant l’interview. Kurt avait le culte de la rock star et nous avions beaucoup de points communs comme la musique, l’esprit de famille, ou encore notre taille (rires), ça a créé une compréhension commune, une alchimie. Ainsi il m’a confié la rédaction de la biographie de Nirvana. Nos entretiens duraient de minuit à l’aube. Certains se passaient dans des hôtels mais pour la plupart nous étions assis dans sa cuisine. D’ailleurs, l’image que l’on voit durant les premières paroles de Kurt dans le film est la vue que nous avions durant nos entretiens. En fait, il s’agissait plus d’une conversation entre deux amis que d’une interview en bon et due forme. Pour moi, faire une bonne interview est un art.

Avez-vous vu le film Last Days de Gus Van Sant, qui illustre les derniers jours de Kurt Cobain ? Qu’en pensez vous ?

A.S. : Gus Van Sant est un grand artiste. Pour moi, Last Days est indissociable de ses deux précédents, ils forment une trilogie qu’il vient conclure. Dans Gerry, on ne connaît ni les personnage ni la situation. Dans Elephant, on connaît la situation mais pas les personnages. Enfin dans Last Days, on connaît la situation et le personnage. Ça a été un pilote pour moi, comme une palette d’inspiration. Sauf que dans son film, le personnage de Blake est renfermé et baragouine, ce qui est très différent de Kurt qui était quelqu’un d’intelligent et plein d’espoir.

Courtney Love (veuve de Kurt et leader du groupe Hole) a-t-elle vu le film ?

Les deux : Elle en a une copie depuis longtemps. Nous ne savons pas si elle l’a regardé.

A.S. : J’imagine que ça soit être dur pour elle. Mais nous avons eu beaucoup de retours de l’entourage de l’ex couple, nous disant qu’ils sont heureux de voir que c’est lui-même qui parle de lui.

Propos recueillis pas Sophie G.

Entretien avec Kim Massee, le 31 octobre 2008

Portrait Kim Massee

Portrait Kim Massee

Interview de Kim Massee, le 31 octobre 2008

A l’occasion du film Cowboy Angels, ce fut l’occasion pour nous de rencontrer la réalisatrice Kim Massee dont il s’agit ici du premier long métrage.

LesFilms.org : Le film Cowboy Angels a été réalisé en 2005. Il a participé à de nombreux festivals pour enfin sortir le 29 octobre 2008. Est-ce que vous voyez votre film de la même manière ou votre regard a évolué ?
Kim Massee : On va toujours plus vite que ses projets. Déjà il y a l’écriture puis le tournage. On a passé une année de festivals pour arriver en salle. J’ai participé à toutes les étapes, c’est peut être pour ça que ça été particulièrement long. Tout va très vite, on pense déjà à faire le prochain film quand on termine le premier. Effectivement quand je l’ai visionné à l’avant première, je l’ai vu avec un regard totalement neuf de quelqu’un qui va laisser ce petit oiseau voler de ses propres ailes, puisque j’avais fini ma partie. C’était très émouvant ; c’était comme une naissance, quelque chose de magique. Je ne l’avais pas vu dans sa totalité depuis près d’un an. Mon fils, Diego Mestanza, qui joue un des deux rôle principaux, a fêté ses 12 ans sur le tournage, il en a 15 maintenant. Quand on fait le projet on a le nez dedans, on n’a pas le recul que l’on peut avoir par la suite. J’ai eu du plaisir à le voir comme le film d’une autre, je le visionnais comme tout le monde dans la salle. Je suis contente de ce film.

LesFilms.org : Vous parlez des road movies comme d’une transformation des personnages. Est ce que ça a un rapport direct avec votre fils qui joue le rôle de Kevin/Pablo dans le film ? Le film a t il influencé votre fils et réciproquement ?
Kim Massee : Oui, mon fils, comme les autres acteurs, a influencé le scénario car j’ai écris mon film pour eux, avec eux en tête. De même pour le chef opérateur : je ne l’aurais pas fait avec quelqu’un d’autre puisqu’il est devenu mes yeux. Il y avait une confiance absolue. Chaque acteur a amené beaucoup aux personnages, ne serait ce qu’au niveau de leurs vécus. En ce qui concerne mon fils, il a amené la sensibilité que seul un enfant peut avoir. Il a aimé l’expérience du film, il a goûté à quelque chose de fort car on a tous été partie prenante de ce film, on a porté le projet, ça nous tenait à cœur. Il a vécu une expérience excitante car on demandait à chacun de donner son maximum, ce qui lui a donné envie de continuer. Tout est une histoire de confiance. Un acteur qui est en confiance avec son réalisateur peut donner des choses magnifiques.

LesFilms.org : Justement le lien qui existe entre un réalisateur et un acteur n’est pas le même qu’entre une mère et son fils. Est ce que travailler avec votre fils a généré plus de facilités ou de freins ? Etant donné qu’il n’y a pas forcement la même gène entre un réalisateur et un acteur qu’entre une mère et son fils.
Kim Massee : Pour lui au début, comme il jouait un petit garçon de la rue ce qu’il n’est pas dans la vie, il faisait attention ne serait-ce que pour dire des gros mots. Je suis responsable de son éducation, il a des limites que Pablo n’a pas. Le premier jour, le Thierry Levaret l’a pris à part et lui a dit « là tu joue, tu t’occupes plus de ta mère, tu es le personnage » et il l’a aidé. Diego a très vite compris et j’ai suivi. Mais je suis la même avec tous les acteurs en général, ils ne sont pas mes enfants mais je suis très protectrice. Ils sont dans un espace où ils peuvent faire ce qu’ils veulent, à partir du moment où ils suivent la partition du scénario ils sont très libres. Ils savent que je vais les guider, s’ils vont un peu trop loin je vais les ramener. Je veille. Ils font ce qu’ils ont à faire, ils ont ma confiance absolue.

LesFilms.org : La fin du film n’est pas un happy end sans pour autant qu’on y trouve une quelconque mélancolie ou tristesse. Est ce l’effet recherché ?
Kim Massee : C’était très recherché. J’y tenais beaucoup. Le film aurait pu s’arrêter avant, à un moment un peu idyllique ou rêvé mais ce n’est pas la réalité. Je voulais qu’ils retournent chacun à leur réalité qui est inévitable. Mais en même temps il y a de l’espoir car il y a eu cette rencontre, cet échange, cet amour, quelque chose de fort qu’ils vont pouvoir emmener avec eux. La scène de fin était filmée d’une voiture à l’autre et on avait une heure de rushes de Pablo derrière sa fenêtre. J’ai épluché ces rushes parce que c’était important de trouver l’endroit où il n’était pas justement mélancolique. Je ne voulais pas d’une fin dramatique. L’idée est qu’il reparte dans sa vie mais avec son cadeau. Il a son cœur dans la main, on le lui a rendu. Il est changé.

Je crois beaucoup en la force, ce que les gens peuvent nous donner, l’espoir est là pour moi.

LesFilms.org : Justement quand vous dites qu’il a trouvé ce qu’il cherchait, ne serait ce pas LE père ?
Kim Massee : Oui Louis est le père qui l’a ému. C’est un modèle, il a besoin de quelqu’un qui le respecte et qu’il va respecter, il a besoin d’avoir quelqu’un pour lui qui compte, se construire par rapport à quelqu’un comme un guide. C’est un garçon qui marche à l’instinct, il prend les choses au vol. Ça l’a sauvé car à travers les yeux de l’autre il est devenu quelqu’un, en effet il est impossible de traverser la vie seul. Il va chercher cette personne et la trouve. Et ça marche dans les deux sens. Louis avait enfouis ce qu’il était, ses sentiments, et l’enfant a été la clé. Il a des responsabilités envers l’enfant donc il faut qu’il devienne quelqu’un. Pour moi ce sont des valeurs très importantes. Au début chacun est dans son registre, enfermé dans son monde, et il y a un moment où la brèche commence et la communication est ouverte, puis peu à peu ça va au delà de la communication. Mais ça se mérite.

LesFilms.org : Maintenant quels sont vos projets ?
Kim Massee : Je compte continuer à réaliser des films, c’est là où je me sens le mieux. J’ai deux projets de films que je ne veux pas produire. Car le temps pris par la production est du temps pris à la réalisation. C’est du temps que je n’avais pas pour réfléchir encore à mon projet. Par rapport à la création pure, si on est en train de penser à combien coûte une scène, on n’écrit pas de la même manière et du coup on n’a pas la liberté qu’on voudrait, car ce ne sont pas des histoires de logistiques qui sont importantes quand on raconte une histoire. Ce sont deux casquettes qui n’ont rien à voir l’une avec l’autre. Mais je continuerai à en produire d’autres. Nous aimerions tous faire une suite de Cowboy Angels.

Propos recueillis par Sophie