Archives de catégorie : Un peu d’Histoire

Charles Chaplin (1889-1977)

uneviedechienCharles Chaplin est né en Avril 1889 dans East Street, une rue de l’un des quartiers les plus pauvres de Londres.

Son père, chanteur « comique excentrique » bascule vite dans l’alcoolisme. Sa mère, Hannah Hill, un temps chanteuse, sombre dans la maladie mentale. Son enfance, comme celle de son demi-frère aîné Sydney, se partage entre orphelinats et mansarde sordides.

A 10 ans, Charles débute dans une troupe d’enfants danseurs de claquettes. Avec Sydney, il remporte de nombreux succès dans la troupe de music-hall de Fred Karno. Lors d’une tournée aux Etats-Unis, il est remarqué par Mack Sennett, qui vient de fonder la Keystone, spécialisée dans le burlesque. En cette seule année 1914 où il débute dans le cinéma et apparaît dans trente cinq films,Chaplin impose le personnage de Charlot, devient la vedette de la Keystone, et surtout déclenche se qu’on a appelé la « Chaplinmania ». Sa silhouette, sa moustache, sa badine de jonc, son melon et sa démarche inspirent dessins, bandes dessinées, figurines et jouets. En trois ans, son salaire hebdomadaire est multiplié par dix. En 1919, il fonde, avec Douglas Fairbanks, Mary Pickford et David W. Griffith, Les Artistes Associés (United Artists), première compagnie cinématographique indépendante créée et dirigée par des acteurs et réalisateurs.

Entre temps, le petit faune bondissant s’est affiné, humanisé, a pris un poids psychologique. Dans les années 20, il n’est pas un poète ou un peintre d’avant-garde qui ne parle ou écrive sur Charlot. Avec L’Emigrant (1917), Charlot Soldat (1918), The Kid (1921), La ruée vers l’or (1925), Le Cirque (1928), Les Lumières de la ville (1931), Les Temps modernes (1936) Le Dictateur (1940), Charlot est considéré comme un mythe vivant et la silhouette la plus connue à travers le monde.

Mais ses retentissants divorces sous l’accusation de « cruauté mentale » ternissent son image aux yeux de l’Amérique puritaine. Le maccarthysme l’achève : accusé de bolchevisme, il est interdit de territoire américain en 1952. La popularité mondiale de ce citoyen du monde demeurera intacte. Retiré à Corsier-sur-Vevey, en Suisse, il travaillera à la réédition de ses films. Il s’éteindra discrètement la nuit de Noël 1977, entouré de ses enfants et de sa dernière épouse Oona.

© Cahiers du Cinéma, Hachette collections, 2005

MK2 -« Une vie de Chien » de Charles Chaplin, 1918

Hollywood et ses géants

gaumontlogoAvant la Première Guerre mondiale, la France domine encore le marché cinématographique mondial grâce notamment aux producteurs-distributeurs Charles Pathé et Léon Gaumont. Ces deux grands rivaux veulent produire de la nouveauté pour se démarquer et élargir leur clientèle. Ils travailleront notamment avec Alice Guy (première femme réalisatrice et scénariste avec 370 films) et Ferdinand Zecca (autodidacte acteur et réalisateur). Devenus de puissants chefs d’entreprise, Pathé et Gaumont règneront de nombreuses années sur l’industrie cinématographique et imposeront partout leurs célèbres logos : le coq Pathé et la marguerite Gaumont.pathe_logo

Mais dès le déclenchement de la Grande Guerre le cinéma français voit sa production subir de fortes restrictions notamment de matières premières. Le cinéma américain en profite pour envahir les écrans du monde entiers. Deux réalisateurs majeurs vont alors se distinguer : Cecil B. De Mille et David W. Griffith. De Mille réalisera en 1914 Le Mari de l’Indienne, mélodrame d’une durée de 1h07 (premier long métrage hollywoodien) et surtout Les Dix Commandements (1923 et son remake en 1956 avec Charlton Heston). Griffith, journaliste de formation, écrivain et poète obtiendra au fil des années des moyens humains et matériels gigantesques. Il réalisera deux monuments : Naissance d’une nation (1915) (film de 2h45) et Intolérance (1916) (durée : 2h30). Les films hollywoodiens à grand spectacle sont nés.

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Logo: ©Pathé et ©Gaumont

Photo : Intolérance par D. W. Griffith

L’Histoire du cinéma pour les Nuls par Vincent Mirabel ©Editions First, 2008.

Patrimoine cinématographique en ligne

logoTHE INTERNET ARCHIVE:

Fondé en 1996, The Internet Archive propose un accès permanent au patrimoine historique (textes, images animées, audio etc.) existant sous format digital. Ainsi le site internet archives.org regroupe des œuvres cinématographiques tombées dans le domaine public. Une mine d’or pour les curieux et la possibilité de télécharger gratuitement des films tels que Nosferatu de Murnau, Metropolis de Fritz Lang ou The General de Buster Keaton.

http://www.archive.org

top_logoEUROPA FILM TREASURES:

Depuis juillet 2008 et dans le cadre du projet Trésors des Archives Européennes, les cinémathèques d’Europe ont mis en ligne gratuitement sur europafilmtreasures.fr plus de 70 films rares, dont 25 muets sonorisés par des compositeurs contemporains.

http://www.europafilmtreasures.fr

Georges Méliès, le magicien du cinéma (1861-1938)

Le titre d’un de ses films, l’Homme-Orchestre (1900), définit parfaitement Georges Méliès, dessinateur, peintre, caricaturiste, magicien, fantasmagore, directeur du théâtre Robert-Houdin, décorateur, homme de théâtre, écrivain, acteur, technicien, réalisateur visionnaire de plus de 500 films entre 1896 et 1912, créateur du premier studio vitré conçu pour le cinéma. Excellent acteur, mime remarquable doué d’une étonnante agilité, ce génie des effets spéciaux jouera dans presque tous ses films.

Méliès inventera les premiers trucages et les premières fictions au cinéma en s’appuyant sur son expérience d’illusionniste. Lui qui se contentait au départ de plagier les Lumières mettra au point les premières fictions cinématographiques en 1896. Tous ces films possèdent alors une grande puissance poétique : Le voyage dans la Lune (1902) ; Les cartes vivantes (1905) etc. Mais Georges Méliès ne se contentera pas uniquement de ces créations, c’est lui qui rédigera les premiers synopsis, lui qui dessinera les premiers story-board, lui qui réalisera le premier film engagé : L’Affaire Dreyfus (1898), et c’est aussi lui qui réalisera les premiers films publicitaires !

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Sources :

La Cinémathèque Française : Exposition Georges Méliès Magicien du cinéma. A partir du 16/04/08

L’Histoire du cinéma pour les Nuls par Vincent Mirabel ©Editions First, 2008.

Edison, Les Lumière, le Cinématographe et les premières projections publiques

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Extraits reproduits avec l’aimable autorisation de First Editions

www.efirst.com

L’Histoire du cinéma pour les Nuls par Vincent Mirabel
©Editions First, 2008. Publié en accord avec Wiley Publishing, Inc.
Isbn 978-2-7540-0609-5


Qui va inventer le premier appareil de visionnage du mouvement ? Les frères Lumière ? Non ! En 1891, notre tandem tricolore n’est pas encore entré dans la course. Un autre tandem d’inventeurs américains va le devancer largement… Thomas Edison « l’homme au mille brevets » et son brillant assistant d’origine écossaise William Dickson forment une équipe de choc. Les deux parviennent à concevoir un appareil à enregistrer les images : le kinétographe (1889). Deux années supplémentaires seront nécessaires pour que Dickson et Edison mettent au point un « projecteur » qu’ils vont appeler kinétoscope (Aout 1891).

En cette fin de XIXè siècle (…), deux jeunes scientifiques lyonnais se sont lancés ensemble dans l’étude de nouveaux procédés photographiques. Un choix particulièrement judicieux, au moment où s’ouvre le vaste marché de la photographie amateur. A l’occasion d’un déplacement à Paris en 1894, Antoine Lumière découvre la dernière invention de Thomas Edison : le kinétoscope, une sorte de grosse visionneuse individuelle montrant de brefs films. Le père Lumière sent immédiatement qu’il y a là quelque chose d’intéressant sur le plan industriel. De retour à Lyon, il incite ces deux fils à travailler dans ce sens, en soulignant les gros bénéfices qu’ils pourraient en tirer tous ensemble.

A 34 et 32 ans, penchés sur leur atelier installé dans l’usine de leur père, Auguste et Louis Lumière cherchent un moyen plus souple d’enregistrer une série de photographies successives, afin de les projeter en grand sur un écran. (…) Louis revoit sa mère penchée au-dessus de sa machine à coudre, guidant du tissu vers la pointe effilée qui pique et repique inlassablement. Soudain une idée lui traverse l’esprit. Pourquoi ne pas utiliser pour son propre appareil ce mécanisme alternatif en forme de pied-de-biche qui fonctionne déjà sur la machine à coudre maternelle ? Appliquée cette fois à une double griffe, le mécanisme pourrait lui permettre de pénétrer dans les perforations rondes de la pellicule, de faire avancer celle-ci, puis de se retirer, de remonter à vide en position de départ et de recommencer. (…) Louis vient de concevoir le principe technique du cinématographe.

Moins de trois mois plus tard, les Lumière sont prêts à déposer ensemble leur précieux brevet. Ils décident d’appeler leur invention : Cinématographe. Un excellent choix qui fera du chemin.

Premières projections privées, premières projections publiques concurrentes

Après six projections privées, organisées entre le 22 Mars et le 16 Novembre 1895 à l’intention d’industriels du milieu scientifique, Auguste et Louis Lumière ont vite fait de tirer trois conclusions : Premièrement, leur procédé marche. Grâce à son effet sur la persistance rétinienne, chacun croit au mouvement. Deuxièmement, leur procédé plaît. Chacun dans l’assistance a apprécié ce spectacle vivant. Troisièmement, aucun scientifique n’est disposé à l’acheter ! En effet bien qu’ayant reçu de nombreux signes d’encouragements, les Lumière n’ont enregistré aucune commande ferme. (…) Auguste et son père Antoine songent alors à amortir le coût de développement de leur invention, en la montrant cette fois, directement au grand public. Ce choix va s’avérer décisif.

La première présentation du Cinématographe au grand public va se dérouler à Paris, en plein quartier de l’Opéra, boulevard des Capucines, le samedi 28 Décembre 1895.

Quelques chroniqueurs de la presse scientifique et directeurs de théâtre – parmi lesquels un certain Georges Meliès – ont été conviés à cette séance. (…) Au programme, une dizaine de « vues » très courtes (à l’époque on ne disait pas encore « films ») : Sortie d’usine, Leçon de voltige à cheval, Pêche aux poissons rouges, Débarquement de congressistes, Forgerons au travail, Le Jardinier et le Petit Espiègle (qui sera bientôt rebaptisé L’arroseur Arrosé), Déjeuner de bébé, Saut à la couverture, Place des Cordeliers à Lyon et Baignade en mer. Et la fameuse Arrivée d’un train en gare de La Ciotat, direz-vous ? Et bien, contrairement à la légende, celle-ci n’y figure pas encore. Elle ne tardera pas à être ajoutée au programme, quinze jours plus tard. Mais qu’importent le programme exact et le nombre précis de spectateurs (les historiens hésitent entre 33 et 35), l’important est que tous ceux qui étaient présents repartent enthousiasmés, sous le charme de l’étonnant spectacle auquel ils viennent d’assister. Quelques jours plus tard, ce sera la ruée. (…) Moyennant 1 franc (soit environ 6 euros actuels) chacun va pouvoir découvrir dix « vues animées » de 30 à 50 secondes chacune. Sept minutes de projection au total sur une séance d’une vingtaine de minutes environ.

Une loco…motive toute une salle !

Tandis que les spectateurs oscillent encore entre fascination et admiration, un train s’approche de la gare de La Ciotat. Grossissant à l’écran, la locomotive noire se dirige vers les spectateurs. Inquiets, la plupart d’entre eux amorcent instinctivement un mouvement de recul. Face à la machine qui continue d’avancer, beaucoup se lèvent de leurs sièges, prêts à bondir pour éviter le choc ! Les plus méfiants, craignant d’être écrasés, s’écartent en hurlant, dans un fracas de chaises renversées ! Quelques secondes plus tard, rassurés de voir le train à quai et des voyageurs descendre des wagons, ils consentiront à regagner leurs chaises. Un grand courant d’enthousiasme parcourt alors toute la salle. Cette fois-ci encore, les ciné-spectateurs auront découvert deux choses : d’une part la capacité technique du cinéma à reproduire le mouvement de la vie, mais aussi et surtout sa capacité artistique à faire croire à la réalité. Autrement dit, son pouvoir d’illusion.

Les projections se poursuivront durant cinq ans ! A l’issue de cette exploitation, leur bénéfice d’exploitation cinéma atteindra la somme faramineuse de 3 millions de francs de l’époque soit 18 millions d’euros actuels ! A peine né, le cinéma est déjà source de revenus importants. Bientôt sous l’impulsion de Charles Pathé et Léon Gaumont, il va devenir une véritable industrie.